samedi 2 février 2008

Ce fameux Islam "modéré" (Jean-François Revel)


Les deux mois qui ont suivi le déclenchement de la guerre islamo-terroriste contre la démocratie en général et les Etats-Unis en particulier auront été un banc d'essai fort intéressant et révélateur, puisque l'on a vu s'exacerber au cours de cette période les phobies et les mensonges de l'anti-américanisme traditionnel et du néototalitarisme.
Le plus épais de ces mensonges consiste, de la part des musulmans, à justifier l'islamo-terroriste en attribuant à l'Amérique une hostilité ancienne et générale à leur encontre. Or, dans le passé lointain ou proche, les Etats-Unis ont sans comparaison possible beaucoup moins nui aux pays musulmans que le Royaume-Uni, la France ou la Russie. Ces puissances européennes les ont souvent conquis, occupés, voire opprimés pendant des dizaines d'années et parfois plus d'un siècle. Les Américains n'ont en revanche jamais colonisé de pays musulman. Ils ne sont pas davantage hostiles à l'Islam en tant que tel aujourd'hui. Tout au contraire, leurs interventions en Somalie, en Bosnie, au Kosovo, de même que leurs pressions sur le gouvernement macédonien ont eu ou ont pour objet de défendre des minorités islamiques. J'ai rappelé plus haut qu'ils ne sont pas non plus la cause historique de l'émergence d'Israël, due à l'antisémitisme des Européens. La coalition de vingt-huit pays à laquelle ils ont fourni l'essentiel de sa force militaire contre l'armée irakienne en 1991 ne visait pas Saddam Hussein en tant que musulman, elle le visait en tant qu'agresseur. Cette coalition fut d'ailleurs formée à la demande de l'Arabie Séoudite, inquiète de la menace que représentait pour elle et pour tous les émirats le dictateur de Bagdad. On peut donc souligner qu'en l'occurence les Etats-Unis et leurs alliés ont défendu, là encore, un petit pays musulman, puisque l'Irak est en théorie laïc et puisque Saddam massacre volontiers à l'arme chimique les chiites du sud de son pays et les Kurdes du nord, eux aussi musulmans. Il est donc curieux que les musulmans américanophobes ne voient aucun inconvénient à ce que l'Irak, dont la population est majoritairement musulmane, attaque d'autres musulmans, l'Iran d'abord en 1981, puis le Koweït en 1990, selon les procédés de l'impérialisme belliciste le plus primitif. Aussi bien, en Algérie, depuis 1990, ce sont des musulmans qui massacrent d'autres musulmans. Combien il est étrange que les prétendus défenseurs des peuples musulmans n'en soient nullement scandalisés !
Les musulmans pourraient aussi éventuellement se rappeler qu'en 1956 ce sont les Etats-Unis qui ont arrêté l'offensive militaire anglo-franco-israélienne contre l'Egypte, dite "expédition de Suez".
Un deuxième mensonge a été cultivé après le 11 septembre 2001, c'est le mythe d'un islam tolérant et modéré. Ce mythe est partagé en deux volets. Le premier relève de l'histoire des religions et de l'exégèse des textes sacrés. C'est l'affirmation selon laquelle le Coran enseignerait la tolérance et ne contiendrait aucun verset autorisant la violence l'usage de la violence contre les non-musulmans ou contre les apostats. Malheureusement, cette légende lénifiante ne résiste pas au plus sommaire examen du Livre saint de l'islam, qui fourmille, au contraire, de passaes faisant obligation aux croyants d'exterminer les infidèles. Dans les discussions à ce sujet, ravivées de plus belle après les attentats, de nombreux commentateurs rappelèrent cette vérité, en citant force versets l'illustrant et la démontrant sans contestation possible. Je citerai, entre autress, le livre de Jacques Rollet, Religion et Politique (1) ou encore l'article de Ibn Warraq, "L'Islam, une idéologie totalitaire" (2). Ibn Warraq est un Indo-Pakistanais, auteur d'un livre retentissant intitulé Pourquoi je ne suis pas musulman (3). Depuis la publication de son livre, il doit vivre caché (comme, depuis 1989, Salman Rushdie, l'auteur des Versets sataniques, ou la Bangladaise Taslima Nasreen, qui osa protester, en 1993, contre la condition des femmes en pays d'islam). Repéré, Ibn Warraq se ferait abattre par ses infiniments tolérants ex-coreligionnaires. Il transcrit un chapelet édifiant de sourates coraniques, par exemple celle-ci (sourate IV, verset 76): "Tuez les idolâtres partout ou vous les trouverez." C'est d'ailleurs le pieux devoir que n'ont pas manqué d'accomplir les bons musulmans barbus qui, le dimanche 28 octobre 2001, à Bahawalpur, au Pakistan, firent irruption avec des mitraillettes dans un temple protestant où se déroulait l'office, tuèrent le pasteur et seize fidèles (quatre enfants, sept femmes et cinq hommes) auxquels s'ajoutèrent plusieurs dizaines de blessés graes, dont une fillette de deux ans. Il y'a, noyés parmis cent quarante millions de musulmans, environ deux milions de chrétiens pakistanais, catholiques ou protestants, qui ne peuvent évidemment être, ni de près ni de loin, fautifs des méfaits que les fous d'Allah imputent à l'Occident. C'est donc bien et uniquement en qualité d'infidèles que ces victimes innocentes ont été assassinées. D'ailleurs, Ben Laden venait de lancer le mot d'ordre: "Tuez les chrétiens ! " Il a été entendu. Peu après, il a tourné sa prunelle meurtrière contre Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU, qualifié par lui de "criminel". A propos de "victimes innocentes", il ne m'est pas revenu que la gauche européenne ait versé beaucoup de pleurs sur ces chrétiens pakistanais.
Ce qui dicte la vision du monde des musulmans, c'est que l'humanité entière doit respecter les impératifs de leur religion, alors qu'ils ne doivent eux-mêmes aucun respect aux religions des autres, puisqu'ils deviendraient alors des renégats méritant l'exécution immédiate. La "tolérance" musulmane est à sens unique. Elle est celle que les musulmans exigent pour eux seuls et qu'ils ne déploient jamais envers les autres. Soucieux de se montrer tolérant, le pape a autorisé, encouragé même, l'édification d'une mosquée à Rome, ville où est enterré Saint Pierre. Mais il ne saurait être question de contruire une église à La Mecque, ni nulle part en Arabie Saoudite, sous peine de profaner la terre de Mahomet. En octobre 2001, des voix islamiques, mais aussi occidentales, ne cessèrent d'inviter l'Administration américaine à suspendre les opérations militaires en Afghanistan durant le mois du ramadan, qui allait commencer à la mi-novembre. Guerre ou pas guerre, la décence - disaient les bien-intentionnés - impose certains égards pour les fêtes religieuses de tous. Belle maxime, sauf que les musulmans s'en tiennent pour les seuls exemptés. En 1973, l'Egypte n'a pas hésité à attaquer Israël le jour même du Kippour, la plus importante fête religieuse juive, guerre qui est restée dans l'histoire précisément sous l'appellation la "guerre du Kippour".
Le deuxième volet du mythe de l'islam tolérant consiste à soutenir hautement que le gros des populations musulmanes désapprouve le terrorisme, et au premier rang l'immense majorité des musulmans résidents ou citoyens des pays démocratiques d'Europe ou d'Amérique. Les muphtis ou recteurs des principales mosquées en Occident se sont fait une spécialité de ces assurances suaves. Après chaque déferlement d'attentats meurtriers, par exemple en France en 1986 et en 1995, ou après la fatwa ordonnant de tuer Salman Rushdie en 1989 ou Taslima Nasreen en 1993 pour "blasphème", ils n'ont pas leurs pareils pour garantir que les communautés religieuses dont ils ont la charge spirituelle sont foncièrement modérées. Dans les milieux politiques et médiatiques, on leur emboîte avec empressement le pas, tant la crainte nous étrangle de passer pour racistes en constatant simplement les faits. Comme le dit encore Ibn Warraq, "la lâcheté des Occidentaux m'effraie autant que les islamistes (4)."
Ainsi, le quotidien Le Parisien-Aujourd'hui, dans son numéro du 12 septembre 2001, publie un reportage sur l'atmosphère de liesse qui a régné durant toute la soirée du 11 dans le XVIIIe arrondissement de Paris, où vit une importante communauté musulmane. "Ben Laden, il va tous vous niquer ! On a commencé par l'Amérique, après ce sera la France." Tel était le type de propos "modérés" adressés aux passants dont le faciès semblait indiquer qu'ils n'étaient pas maghrébins. Ou encore : "Je vais faire la fête ce soir car je ne vois pas ces actes [les attentats de New York et de Washington] comme une entreprise criminelle. C'est un acte héroïque. Ca va donner une leçon aux Etats-Unis. Vous, les Français, on va tous vous faire sauter."
Ce reportage du Parisien n'a eu d'équivalent dans aucun autre organe de la presse écrite et fut passé sous silence par la quasi-totalité des médias. En tout cas, auditeur assidu, chaque matin, des diverses revues de presse radiophoniques, je ne l'ai entendu mentionner dans aucune d'entre elles, sauf erreur, ce 12 septembre.
Malgré l'imprécision des statistiques, on considère que la population vivant en France compte entre quatre et cinq millions de musulmans. C'est la communauté musulmane la plus nombreuse d'Europe, suivie, loin derrière, par celles d'Allemagne et de Grande-Bretagne. Si "l'immense majorité" de ces musulmans était modérée, comme le prétendent les muphtis et leurs suiveurs médiatico-politiques, il me semble que cela se verrait un peu plus. Par exemple, après les bombes de 1986 puis de 1995, à Paris, qui tuèrent plusieurs dizaines de Français et en blessèrent bien davantage, il aurait bien pu se trouver, sur quatre millions et demi de musulmans, dont une bonne part avait la nationalité française, quelques milliers de "modérés" pour organiser une manifestation et défiler de la République à la Bastille ou sur la Canebière. Nul n'en a jamais vu l'ombre.
En Espagne, des manifestations rassemblant jusqu'à cent mille personnes ont souvent eu lieu en 2001 pour honnir les assassins de l'ETA militaire. Elles se sont déroulées non seulement dans l'ensemble du pays, mais au Pays basque même, où les manifestants pouvaient craindre des représailles, quoique les partisans des terroristes y fussent effectivement très minoritaires, comme l'ont encore prouvé les élections régionales de novembre 2000.
Si, au rebours, les musulmans modérés en France osent si peu se manifester, la raison n'en serait-elle pas qu'ils savent que ce sont eux les minoritaires au sein de leur communauté et non les extrémistes ? Voilà pourquoi ils sont modérés... avec modération. Il en va de même en Grande-Bretagne, où l'on vit, en 1989, les musulmans, pour la plupart d'origine pakistanaise, se déchaîner pour hurler à la mort contre Salman Rushdie, mais où l'on ne vit aucun d'entre eux protester contre ces cris barbares. Après le 11 septembre, tel porte-parole qualifié des musulmans britanniques, El Misri, définit les attentats contre les World Trade Center comme des actes de "légitime défense". Tel autre, Omar Bakri Mohammed, lança une fatwa ordonnant de tuer le président du Pakistan, coupable d'avoir pris positionen faveur de George Bush contre Ben Laden (5). Chacun a eu beau tendre l'oreille, personne n'a entendu la moindre foule "modérée" islamo-britannique protester dans les rues contre ces appels au meurtre, parcqu'il n'en existe aucune, pas plus qu'il n'y a de foule "modérée" islamo-française. La notion que "l'immense majorité" des musulmans fixés en Europe serait modérée se révèle n'être qu'un rêve, ce qui fut mis spectaculairement en lumière durant les deux mois qui suivirent les attentats contre les Etats-Unis.


1. Grasset, 2001. Voir les propos de cet auteur dans Le Point du 21 septembre 2001, n°1514.
2. Marianne, 24 septembre 2001.
3. L'Âge d'homme, 1999.
4. Le Figaro Magazine, 6 octobre 2001. Qu'on me permette de renvoyer sur ce point à mon livre Le Regain démocratique, op.cit., chapitre XIIe: "Démocratie islamique ou islamo-terrorisme ? "
5. Voir "Londres, les forcenés de l'Islam", Le Point, 2 novembre 2001, n° 1520.

Jean-François Revel, in L'Obsession anti-américaine

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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