dimanche 21 février 2010

Les syndicats (Antoine Chainas)


Il pensait connaître les syndicats. Il savait comment ça fonctionnait. Après un ou deux coups d'éclat, et sous la pression des leaders, le mouvement s'essoufflerait. Comme par hasard, un mois ou deux après, lesdits leaders obtiendraient des postes pour siéger dans un CE, pour être attachés de police dans une ambassade de leur choix ou affectés dans une section du Conseil économique et social à vingt mille balles pour cinq ou six jours par mois de présence. C'était comme ça que le gouvernement cassait les mouvements et c'était comme ça qu'il tenait les syndicalistes : en rapprochant les têtes d'affiche du grisant pouvoir politique. Dans quelques années, après quelques signatures d'accords hasardeux, la grogne resurgirait, les élections désigneraient de nouvelles valeurs montantes, jugées plus intègres... Et puis il y aurait de nouveaux coups d'éclat, de nouvelles frictions avec un tas de fonctionnaires lobotomisés prêts à suivre et, ensuite, de nouvelles attributions de postes, de nouvelles nominations, et cetera, et cetera...


Antoine Chainas in Versus